Maroc : après un quart de siècle au pouvoir, le roi Mohammed VI en prise avec les inégalités
10 % de Marocains les plus aisés possèdent onze fois plus que les 10 % les plus pauvres, selon un rapport commandé par le monarque. Le pays est retombé dans les niveaux de pauvreté qu’il atteignait en 2014.
Pubblicato : 2 anni fa di Lucien Petit-Felici in World
Près de vingt-cinq ans après être monté sur le trône, le roi du Maroc Mohammed VI, qui fêtera ses 60 ans lundi, a impulsé une transformation rapide de son pays. Mais le souverain doit faire face au défi des inégalités sociales.
S’il a su maintenir la stabilité dans une région agitée, moderniser l’économie et piloter une diplomatie offensive, au prix d’une mise au pas des critiques, il n’est pas parvenu à venir à bout du fléau de la pauvreté. Dans son dernier discours, le 30 juillet, Mohammed VI a appelé à « franchir de nouveaux seuils sur la voie du progrès et à échafauder des projets de plus grande envergure, dignes des Marocains ».
On lui doit déjà de grands travaux, comme le port de Tanger Med, la centrale solaire Noor, la ligne de TGV Tanger-Casablanca, le développement d’industries automobile et aéronautique, l’hydrogène vert et le label « Made in Morocco ». Autre initiative du soft power marocain, sa décision d’associer son pays à l’Espagne et au Portugal pour organiser le Mondial de football 2030.
Mais ces succès ne sauraient effacer le retard pris dans la réduction des inégalités, un paradoxe pour celui que l’on surnomme « le roi des pauvres ». Un rapport commandé en 2019 par le roi pour élaborer un « nouveau modèle de développement (NMD) » déplorait « l’aggravation des inégalités », « la lenteur des réformes » et une « résistance au changement ». Selon ce rapport, « les 10 % de Marocains les plus aisés concentrent encore onze fois plus de richesses que les 10 % les plus pauvres ».
En termes d’analphabétisme ou de revenu par habitant, le Maroc occupe le bas du classement de l’indice de développement humain de l’ONU. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), sous l’effet du Covid-19 et de l’inflation, le Maroc est retombé aux niveaux de pauvreté de 2014. D’ici la fin de l’année, le Maroc a prévu de généraliser les allocations directes aux familles défavorisées.
Inégalités hommes-femmes également, dans un pays encore largement patriarcal. Mohammed VI avait fait adopter en 2004 un code de la famille favorable au droit des femmes, sans toutefois répondre aux demandes des féministes.